Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mario proposa aux gamins du bourg un concours à la course et à la fronde, et obtint la permission de reprendre, pour cette lutte, ses habits montagnards, où il se sentait beaucoup plus à l’aise.

Il montra une agilité et une adresse qui remplirent ses concurrents d’admiration. Aucun ne put songer un instant à lui disputer le prix ; aussi se retira-t-il modestement du concours, afin de donner équitablement le prix aux autres.

Une cérémonie à la fois ingénue et prétentieuse, assez touchante au fond, termina les fêtes.

Au centre du labyrinthe du jardin, s’élevait une petite fabrique couverte en paille et simulant une chaumière.

Le marquis appelait cette fabrique le palais d’Astrée.

On y porta les pauvres habits grossiers et rapiécés que Mario avait sur le corps lorsqu’il fit sa première entrée dans le manoir de ses pères. On en composa une sorte de trophée rustique avec l’humble guitare qui lui avait servi de gagne-pain en voyage, et l’on suspendit le tout dans l’intérieur de la cabane, avec des guirlandes de feuillage et un cartel où on lisait, sous la date de ce mémorable jour, ces simples paroles, choisies et calligraphiées par Lucilio : Souviens-toi d’avoir été pauvre.

En même temps on présenta à Mario une grande corbeille contenant douze habillements neufs qu’il eut le plaisir de distribuer à douze pauvres groupés sur le petit perron de la chaumière.

Enfin le marquis commanda, pour être placé dans la chapelle de l’église paroissiale, un petit mausolée en marbre, dédié à la mémoire du bon et saint abbé Anjorrant. Lucilio en présenta le plan et en composa l’inscription.