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— Pour ne plus revenir, répondit Bois-Doré avec fermeté.

— Eh bien, dit-elle après une petite pause, j’en suis contente.

— Vous ne l’aimiez point ? dit le marquis en lui offrant son bras, tandis que Guillaume marchait auprès d’elle.

— Vous allez me trouver folle, répondit la jeune dame ; eh bien, je me confesserai quand même. Je vous en demande pardon, monsieur d’Ars, mais votre ami me faisait peur.

— Peur ?… C’est singulier, d’autres personnes m’ont dit de lui la même chose ! D’où vient, madame, qu’il vous faisait peur ?

— Il ressemble décidément à un portrait qui est chez nous, et que vous n’avez peut-être jamais vu… dans notre petite chapelle ! L’avez-vous vu ?

— Oui ! s’écria Guillaume frappé ; je sais ce que vous voulez dire. Il lui ressemblait, sur ma parole !

— Il lui ressemblait ? Vous parlez de votre ami comme s’il était défunt !

Mario vint interrompre cette causerie. Lauriane, qui l’avait déjà pris en grande amitié, voulut lui donner le bras pour rentrer.

Guillaume et Bois-Doré restèrent un instant seuls, en arrière de la société.

— Ah ! mon cousin, dit le jeune homme au vieillard, n’est-ce point une chose bien déplaisante que d’avoir à cacher mort d’homme, comme si l’on avait à rougir de quelque lâcheté, quand, au contraire…

— Pour moi, j’eusse aimé mieux la franchise, répondit le marquis. C’est vous qui m’avez condamné à cette feinte ; mais si elle vous pèse…