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Permettez que je baise mille et mille fois vos belles mains, sans pouvoir, par tel nombre, égaler celui des morts que le refus de cette supplication me donnera… »

Ici, Mario s’arrêta. Il avait appris très-vite, sans comprendre et sans réfléchir. Le sens des mots qu’il disait lui parut tout à coup très-comique ; car il n’était nullement disposé à tant souffrir, si Lauriane lui refusait les mille et mille baisers qu’il ne tenait pas à ce point à lui donner. Il eut envie de rire et regarda la jeune dame, qui avait envie de rire aussi, et qui, d’un air sympathique et enjoué, lui tendait les deux mains.

Il mit l’étiquette de côté, et, obéissant à sa confiance naturelle, il lui jeta les deux bras autour du cou et l’embrassa sur les deux joues, en lui disant de son crû :

— Bonjour, madame ; je vous prie de me vouloir du bien, car vous me semblez bonne personne et je vous aime déjà beaucoup.

— Pardonnez-lui, dit le marquis, c’est un enfant de la nature…

— C’est pour cela qu’il me plaît, répondit Lauriane, et je le dispense de toute cérémonie.

— Voyons, voyons ! dit de Beuvre, qu’est-ce que cela signifie, mon voisin, ce beau garçon-là ? S’il est à vous, je vous en fais mon compliment ; mais je ne vous aurais pas cru…

On annonça Guillaume d’Ars avec Louis de Villemort et un des jeunes Chabannes, qui étaient venus chez lui le matin, et à qui il avait conté la merveilleuse recouvrance du fils de Florimond.

— Est-ce lui ? s’écria-t-il en entrant et en regardant Mario. Oui, c’est mon petit bohémien. Mais comme il est joli, à présent, mon Dieu ! et comme vous devez être content, mon cousin ! Tudieu, mon gentilhomme ! dit-il