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les rebras assortis, le feutre à plumes, des diamants partout, un petit baudrier tout brodé de perles, et une petite rapière qui était un vrai chef-d’œuvre !

Adamas avait passé la nuit à choisir, à méditer, à tailler et à ajuster ; la matinée, à essayer. L’adroite Morisque et quatre ouvrières, levées avant le jour, avaient cousu avec rage. Clindor avait fait dix lieues pour trouver le chapeau et la chaussure. Adamas avait composé, emplumé, orné, inventé, arrangé, et le costume, plein de goût, bien coupé et assez solide pour durer quelques jours sans être refait, allait à merveille.

Mario, enrubané et parfumé comme le marquis, frisé naturellement et portant, sur la mèche ou moustache de l’oreille gauche, une rose (on dirait aujourd’hui un chou) de rubans blancs, avec un gros diamant au milieu et de la dentelle d’argent en dessous, se présenta avec grâce.

Il n’était pas plus emprunté que s’il eût été élevé en gentilhomme. Il portait sa rapière avec aisance, et sa touchante beauté ressortait dans tout ce blanc, qui lui donnait l’air candide d’une jeune fille.

Lauriane et son père furent si émerveillés de sa figure et de ses mouvements, qu’ils se levèrent spontanément comme pour recevoir quelque fils de roi.

Mais ce n’était pas tout. Adamas, en bichonnant son petit seigneur, avait essayé de lui apprendre un compliment, tiré de l’Astrée, pour Lauriane. Retenir quelques phrases par cœur, ce n’était pas une affaire pour l’intelligent Mario.

— Madame, dit-il avec un gentil sourire, « il est bien impossible de vous voir sans vous aimer, mais plus encore de vous aimer sans être extrême en cette affection.