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les mains d’Adamas, et, d’ailleurs, il résultait d’un plan finalement proposé par ce dernier, et adopté avec quelques modifications par son maître, que l’apparition de l’enfant serait retardée jusqu’à la fin d’une explication délicate avec madame de Beuvre.




XXXV


Lauriane arriva, montée sur un charmant petit cheval blanc que son père avait dressé pour elle, et qu’elle gouvernait avec une gentillesse remarquable.

Grâce à son deuil, qu’elle pouvait porter désormais en blanc, elle était habillée aussi à la paysanne, avec une amazone de fin drap blanc, un corps de taille tout rayé de galons de soie, et un léger mouchoir de dentelle par-dessus son inséparable chaperon de veuve.

— Oui-dà ! s’écria le gros de Beuvre en voyant la toilette du marquis, vous portez déjà les couleurs de votre dame, monsieur mon gendre ?

Sa fille réussit à le faire taire devant les valets ; mais, quand on fut au salon, malgré les promesses qu’il lui avait faites de se priver de toute moquerie sur ce sujet, il n’y put tenir et demanda vivement à quand la noce.

Au lieu d’être piqué ou embarrassé, le marquis fut fort aise de cette ouverture, et demanda à être entendu secrètement pour une affaire sérieuse.

On renvoya les valets, on ferma les portes, et Bois-Doré, mettant un genou en terre devant la belle petite Lauriane, parla en ces termes :

— Dame de jeunesse et de beauté, vous voyez à vos pieds un serviteur fidèle qu’un grand événement a rempli