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— Mon neveu ! mon neveu ! ce n’est point assez, dit le marquis en le rapportant dans son lit. Je veux être ton père. Est-ce que cela te déplaira, d’être mon fils ? Et ! à propos, fit-il en se baissant pour recevoir les caresses du petit Fleurial, qui semblait avoir compris et partagé les angoisses de Jovelin et de Mario, voilà un petit ami qui ne m’appartient plus. Tenez, Mario, vous en aviez si grande envie ! je vous le donne pour vous consoler de votre chagrin de ce soir.

— Oui, dit Mario en mettant Fleurial dans son oreiller, je le veux bien, à condition qu’il sera à nous deux et qu’il nous aimera autant l’un que l’autre… Mais dis-moi donc, père : est-ce que le méchant homme est parti pour tout à fait ?…

— Oui, mon fils, pour tout à fait.

— Et le roi le punira pour avoir tué ton frère ?

— Oui, mon fils, il sera puni.

— Qu’est-ce qu’on lui fera ? demanda Mario rêveur.

— Je vous le dirai plus tard, mon fils. Ne songez qu’au bonheur que nous avons d’être ensemble.

— On ne m’ôtera jamais d’avec toi ?

— Jamais !

Puis, s’adressant au muet :

— Maître Jovelin, n’est-ce pas une triste chose de penser à changer le doux parler de cet enfant, qui me sonne si mélodieusement dans l’oreille ? Tenez, nous le laisserons me dire tu dans le particulier, puisque en sa bouche cette familiarité est celle de l’amour.

— Est-ce qu’il faudra que je te dise vous ? reprit Mario étonné.

— Oui, mon enfant, à tout le moins devant le monde. C’est la coutume.

— Ah ! oui, comme je disais à M. l’abbé Anjorrant !