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porte du ravelin, lorsque Adamas, qui avait recouvré ses esprits et fait ses réflexions, vint les rejoindre et prier qu’on l’écoutât.

— Ne pensez-vous point, messires, leur dit-il, que l’entrée de ce cadavre va faire grand bruit dans la ville ?

— Eh bien, dit le marquis, penses-tu que je me veuille cacher d’avoir vengé mon honneur et la mort de mon frère ?

— Oui, monsieur, vous devez vous en vanter comme d’une belle action, mais seulement quand le corps aura été rendu à la terre ; car il se fait de grandes rumeurs pour peu de chose, en ces petits endroits, et le spectacle d’un gentilhomme apporté ainsi en travers de son cheval va faire ouvrir de grands yeux à ces bourgeois de La Châtre. Vous avez des ennemis, monsieur, et, à l’heure qu’il est, monseigneur de Condé est bien chaud catholique. Si l’on apprend que cet Espagnol était couvert de reliques et de chapelets, qu’il s’était confessé à M. Poulain, dont la gouvernante le prônait déjà dans le bourg de Briantes comme un parfait chrétien…

— Voyons ! où veux-tu en venir, avec tes histoires de commères, mon cher Adamas ? dit le marquis impatienté.

Guillaume prit la parole.

— Mon cousin, dit-il, Adamas a raison. Les lois contre le duel ne sont respectées de personne ; mais des gens mal intentionnés les peuvent toujours invoquer. Ce d’Alvimar avait quelques amis puissants à Paris ; et de méchants rapports peuvent, en un temps ou en l’autre, faire tourner ceci contre vous et contre moi, contre vous surtout, qui ne passez point pour un bien franc catholique. Croyez-m’en donc, n’entrons point en la ville et avisons à nous débarrasser de ce mort. Vous