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la stupidité de ce vieillard, qui dormait sur son cheval, et qui, réveillé en tressaut, s’est cru attaqué par une bande de voleurs. Certes, il mérite un châtiment, mais non pas d’être traité en prisonnier relevant de votre droit seigneurial ; car il est à moi, et c’est à moi seul qu’il appartient de le punir de l’injure qu’il vous a faite.

— Vous appelez cela une injure, monsieur de Villareal ? dit le marquis d’un ton de mépris. Mais ce n’est pas encore à vous que j’ai affaire, c’est à mon parent et ami Guillaume d’Ars.

— Je ne souffrirai aucune explication, reprit d’Alvimar avec une rage calculée, avant que mon serviteur me soit rendu, et, si c’est un combat que vous voulez…

— Guillaume, écoutez-moi, dit Bois-Doré.

— Non, personne ne vous écoutera ! s’écria d’Alvimar en essayant de dégager son cheval, que Guillaume, placé entre lui et Bois-Doré, retenait, pour empêcher un conflit. Monsieur d’Ars, je suis votre ami et votre hôte, vous m’avez invité, vous m’avez accueilli ; vous m’avez promis assistance et loyauté en toute rencontre ; vous ne me laisserez pas outrager, même par une personne de votre famille. Dans un cas pareil, c’est à moi que vous devez secours et justice, fût-ce contre votre propre frère ?

— Je le sais, répondit Guillaume, et il en sera ainsi. Mais tranquillisez-vous d’abord et laissez parler M. de Bois-Doré. Je le connais assez pour être sûr de sa courtoisie envers vous et de sa générosité envers votre valet. Laissez passer un moment de colère ; c’est la première fois que je le vois si courroucé, et, bien qu’il en ait sujet, je suis assuré de l’en faire revenir. Allons, allons, tenez-vous en repos, mon cher ! Vous êtes en colère aussi ; mais vous êtes le plus jeune, et mon cousin est l’offensé. Je vous