Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Tout cela est prêt, monsieur, répondit Adamas. Maître Jovelin nous a tout commandé, disant, de votre part, que, si M. d’Ars repartait ce soir, vous lui feriez escorte… Mais à quelles fins ?…

— Tu le sauras quand je serai revenu, dit le marquis en remontant à sa chambre pour s’équiper. À-t-on eu soin d’apprêter les chevaux dans la petite écurie, de manière que les gens qui me doivent escorter fussent seuls dans le secret ?

— Oui, monsieur ; j’y ai eu l’œil en personne.

— Est-ce que tu vas bien loin ? s’écria Mario, qui venait de souper avec Mercédès et qui rentrait dans la chambre à coucher.

— Non, mon fils, je ne vais pas loin. Je serai ici dans deux petites heures. Vous devez dormir tranquille ; et vite, embrassez-moi !

— Oh ! comme tu te fais beau ! dit ingénument Mario ; est-ce que tu vas encore à la Motte-Seuilly ?

— Non, non. Je vais danser dans un bal, répondit en souriant le marquis.

— Emmène-moi, que je te voie danser, dit l’enfant.

— Je ne puis ; mais patientez, mon Cupidon ; car, à partir de demain, je ne ferai plus un pas sans vous.

Quand le vieux gentilhomme fut coiffé de son petit casque de cuir jaune rayé d’argent, doublé d’une coiffe ou secrète de fer, et orné de longs panaches tombant sur l’épaule ; quand il eut endossé son court manteau militaire, attaché sa longue épée, et bouclé, sous sa fraise de dentelle, le hausse-col d’acier brillant, Adamas put jurer sans trop de flatterie qu’il avait un grand air, d’autant plus que, les émotions de la soirée ayant fait tomber son fard, il avait à peu près sa figure naturelle, qui n’était point celle d’un dameret.