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Guillaume d’Ars venait d’être introduit dans le salon voisin.

Lucilio vit un éclair de joie briller dans les yeux de d’Alvimar, soit que le plaisir de revoir un ami en fût cause, soit que ce fût seulement l’espoir d’échapper à une situation périlleuse.

D’Alvimar s’élança hors du boudoir, et la porte battante rembourrée retomba pour un instant entre lui et ses hôtes.

Lucilio, voyant le marquis perdu dans de pénibles réflexions, le toucha comme pour l’interroger.

— Ah ! mon ami ! s’écria Bois-Doré, dire que je ne sais que résoudre et que je suis peut-être dupe du plus grand fourbe qui existe ! J’ai fait fausse route. J’ai exposé la bonne Morisque, et peut-être aussi mon enfant, à la vengeance et aux embûches du plus dangereux ennemi ; j’ai été gauche ; j’ai fourni les raisons de la défense, en avouant que je ne connaissais pas le nom de la dame, et maintenant, qu’il y ait mensonge ou vérité dans l’excuse du meurtrier, je ne me trouve plus en droit de lui ôter la vie. Mon Dieu ! mon Seigneur Dieu, est-il possible que les honnêtes gens soient condamnés à être joués par les scélérats, et qu’en toutes guerres ceux-ci soient les plus avisés, et, en définitive, les plus forts !

En parlant ainsi, le marquis, indigné contre lui-même, frappa du poing sur la table avec énergie ; puis il se leva pour aller recevoir Guillaume d’Ars, dont il entendait l’accent joyeux et insouciant dans la pièce voisine.

Mais le muet lui saisit vivement le bras avec une exclamation inarticulée.

Il tenait un objet sur lequel il appelait son attention par un bégayement de surprise et de joie.

C’était l’anneau que le marquis avait mis à son petit