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aux secrets, il ne put jamais trouver le moyen de l’ouvrir.

Ni Jovelin ni Adamas un furent plus habiles, et l’on dut y renoncer provisoirement.

— Bah ! dit le marquis à Mario, ne nous inquiétons point. Tu es le fils de mon frère, voilà ce dont je ne puis douter. D’après sa lettre, tu appartiens à une plus grande famille que la nôtre ; mais nous n’avons pas besoin de connaître tes aïeux espagnols pour te chérir et nous réjouir de toi !

Cependant Mercédès pleurait toujours.

— Qu’a donc cette pauvre Morisque ? dit le marquis à Adamas.

— Monsieur, répondit-il, je n’entends pas ce qu’elle dit à maître Jovelin ; mais je vois bien qu’elle craint de ne pouvoir rester auprès de son enfant.

— Et qui l’en empêcherait, par hasard ? Sera-ce moi qui lui dois tant de joie et de remercîment ? Venez çà, bonne fille more, et demandez-moi ce que vous voulez. S’il ne vous faut qu’une maison, des terres, des troupeaux et des serviteurs, voire un bon mari à votre gré, vous aurez toutes ces choses, ou j’y perdrai mon nom !

La Morisque, à qui Mario traduisit ces paroles, répondit qu’elle ne demandait qu’à travailler pour vivre, mais en un lieu où elle pût voir son cher Mario tous les jours.

— Accordé ! dit le marquis en lui tendant les deux mains qu’elle couvrit de baisers ; vous resterez en mon logis, et, s’il vous plaît de voir mon fils à toutes les heures, vous me ferez plaisir ; car, puisque vous le chérissez si bien, nulle autre femme que vous ne le soignera. Or çà, mes amis, félicitez-moi de la grande consolation qui m’arrive, et qui, vous le savez, Jovelin, est conforme en tous points à la prédiction.