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XXV


Bois-Doré pleura beaucoup en écoutant cette lecture, qui, dans la bouche de Mario, pénétrait plus avant encore dans son cœur.

— Hélas ! dit-il, je l’accusai souvent d’oubli, et il songeait à moi dès son premier jour de joie et de sécurité ! Il allait venir, sans doute, me confier sa femme et son enfant, et je n’aurais pas vécu seul et sans famille ! Mais, va, repose en paix dans le soin de Dieu, mon pauvre ami ! ton fils sera le mien, et, dans ma douleur de t’avoir si cruellement perdu, j’ai, du moins, cette consolation d’embrasser ta vivante image ! car c’est tout son air et toute sa grâce, mon ami Jovelin, et j’en ai eu le cœur remué, dès le premier regard que j’ai jeté sur cet enfant. Et maintenant, Mario, embrassons-nous comme oncle et neveu que nous sommes, ou bien plutôt comme père et fils que nous devons être.

Cette fois le marquis s’inquiéta peu de sa perruque, et il embrassa son fils adoptif avec une effusion qui changea en joie, autour de lui, les douloureux souvenirs évoqués par la lettre.

Cependant Mercédès, que les soupçons de Lucilio avaient navrée, tenait maintenant à faire constater la vérité dans tous ses détails.

— Donne-leur la bague, dit-elle à Mario ; peut-être ils sauront l’ouvrir, et tu connaîtras le nom de ta mère.

Le marquis prit ce gros anneau d’or et le retourna dans tous les sens ; mais lui, l’homme aux inventions et