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Adamas, voyons !… Eh ! mes amis ! eh ! monseigneur Dieu qui êtes au ciel ! Jovelin ! Adamas ! voyons ceci ! Je ne suis point halluciné ? C’est l’écriture, c’est le vrai caractère de mon frère chéri ? Et ce sang… Ah ! mes amis, cela est bien dur à regarder… Mais… Mario, où as-tu pris cela ?

— Lisez, lisez, monsieur, s’écria Adamas, assurez-vous bien…

— Je ne puis, dit le marquis, qui devint pâle ; le cœur me faut ! D’où vient ce papier ?

— On l’a trouvé sur mon père, dit Mario reprenant courage ; voyez si ce n’est pas une lettre pour vous, qu’il voulait vous envoyer. M. Anjorrant me l’a fait lire bien des fois ; mais il n’y avait pas votre nom dessus, et nous n’avons jamais su à qui la faire tenir.

— Ton père ! répéta le marquis sortant comme d’un rêve ; ton père !…

— Lisez donc, monsieur ! s’écria Adamas ; assurez-vous.

— Non ! pas encore, dit le marquis. Si c’est un songe que je fais, je ne souhaite pas en être détrompé. Laissez-moi m’imaginer que ce bel enfant… Viens ici, petit, dans mes bras… Et toi, Adamas, lis si tu peux ! moi, je ne saurais !

— Je lirai, moi, dit Mario ; suivez avec vos yeux. Et il lut :

« Monsieur et bien-aimé frère,

» N’ayez point égard à la lettre que vous recevrez de moi après celle-ci et que je vous ai écrite de Gènes, à la date du seizième jour du mois prochain, en prévision d’une longue et dangereuse absence, durant laquelle, redoutant vos inquiétudes sur mon compte, j’ai souhaité de vous tranquilliser par une lettre anticipée, et aussi vous