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était datée du seizième jour de juin et de la ville de Gênes ?

— Il est vrai, mon ami ; mais on peut se tromper de date en écrivant, et mettre un mois pour un autre ; cela est arrivé à tout le monde !

— Mais, monsieur, est-ce que la ville de Gênes n’est pas en Italie, et fort distante du lieu où cet enfant place la mort de son père ?

— Sans doute, mon ami. Je torture la vraisemblance des choses pour arranger les paroles de la devineresse, et c’est une fantaisie dont je te permets de me reprendre. Et cependant, ouvre la crédence où sont enfermées les chères reliques de mon frère, et cette dernière lettre que j’ai tant relue sans en jamais pénétrer le sens !

— Mon Dieu, monsieur, dit Adamas en ouvrant le tiroir et en présentant la lettre à son maître, tout ce qui est arrivé et tout ce qui a dû arriver, vous l’avez fort bien compris et deviné dans le temps ; M. Florimond vous donnait fort peu de ses nouvelles, à cause des grandes occupations secrètes qu’il avait dans les cours d’Italie, où l’envoyait son maître le duc de Savoie. Il vous parlait de ses voyages sans vous en dire le but, parce que cela lui était interdit par la politique qu’il servait et qui n’était pas toujours la vôtre. Cette dernière lettre vous annonce d’autres voyages que ceux dont il était fraîchement revenu, et voici ce qu’il vous dit en propres termes : « Si vous n’entendez point parler de moi d’ici à l’automne, n’en prenez point de souci. Ma santé est bonne, et mes affaires personnelles ne sont point en mauvais état. » La date est bien authentique, puisqu’il commence en vous disant : « Monsieur et bien-aimé frère, vous avez dû recevoir