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maître, et elle exige qu’il renonce à toute galante aventure ?

— Oui, oui, c’est cela, Adamas, ce doit être cela ! Un peu de défiance ! c’est bien la punition de ma folle jeunesse ; mais je saurai si bien marquer ma sincérité… Regarde donc à la porte, on gratte encore !

— Quoi ! dit Adamas sérieusement à Mario, en entrebâillant un peu la porte, c’est encore vous, mon lutin ? Ne vous ai-je pas dit d’attendre ?

— J’ai attendu, répondit Mario avec sa voix douce et caressante jusque dans l’espièglerie ; vous m’avez dit : « Va-t’en, et reviens. » J’ai été au bout de l’autre chambre, et me voilà revenu.

— Il est drôlet ! dit le marquis ; laisse-le entrer. — Bonjour, mon petit ami ; or ça, viens me baiser, et puis joue tranquillement avec Fleurial. J’ai à parler d’affaires sérieuses avec le bon M. Adamas. Voyons, Adamas, c’est après-demain que je traite mon incomparable voisine. Il y faut songer ; c’est un petit dîner sans façons, quatorze services tout au plus.

— On les aura, monsieur ; voulez-vous que j’appelle le maître-queux ?

— Non, je n’aime point à ordonner, et si propres que soient les gens de cuisine, ils sentent toujours la cuisine. Aide-moi à imaginer…

— Qu’est-ce que c’est donc que ce couteau-là ? dit très-vivement Mario, que le marquis, débonnaire et passablement distrait, tenait entre ses jambes et laissait fouiller dans ses poches.

— Rien, rien, dit le marquis en cherchant à reprendre le gage que Lauriane lui avait donné. Rends-moi ça, mon petit ami ; les enfants ne touchent point à ça. Ça mord, vois-tu ! Rends-le donc !