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Quand d’Alvimar se vit seul avec son hôte, il lui confia qu’il ne pouvait être question pour lui de fêtes publiques et qu’il s’agissait, non de le mener à un divertissement, mais de le cacher dans son château pendant quelques semaines. Il n’en fallait pas davantage, en ce temps-là, pour faire oublier une affaire aussi fréquente et aussi simple que mort ou blessures données à un ennemi, soit en duel, soit autrement. Il ne s’agissait que de trouver un protecteur à la cour, et d’Alvimar comptait sur l’arrivée prochaine à Paris du duc de Lerme, dont il se croyait ou se disait parent. C’était là un personnage assez considérable pour obtenir sa grâce et même remettre sa fortune en meilleur chemin qu’auparavant.

Comment notre Espagnol raconta son duel avec le Sciarra Martinengo[1] ; comment il s’excusa de ne l’avoir point attaqué dans les règles, ou d’avoir été calomnié sur ce fait aussi bien auprès de la reine Marie que de M. de Luynes, c’est ce que Guillaume d’Ars n’examina pas avec beaucoup de soin. En loyal gentilhomme qu’il était, il avait été fasciné par d’Alvimar et ne se méfiait point. D’ailleurs, il se sentait plus désireux de partir que de rester, et jamais on n’eût pu le surprendre dans une plus mauvaise disposition pour discuter une question quelconque.

Il traita donc légèrement le fond de l’affaire et ne se fit souci que de la possibilité d’être retenu un jour de plus loin des fêtes de la capitale du Berry. Sans doute, il y avait pour lui, sous jeu, quelque amourette.

D’Alvimar, qui vit son embarras, le pressa de ne rien changer à ses projets et de lui indiquer quelque village ou ferme de ses domaines où il pût se tenir en sûreté.

  1. C’était, sans doute, le fils ou le neveu d’un aventurier de ce nom que la reine Catherine avait fait gouverneur de Gien ; grand assassin qui avait donné de sa personne au siége de Sancerre.