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Guillaume mit sa bourse et son bras au service de l’Espagnol, et l’engagea chaudement à le venir visiter dans son château du Berry, où quelques soins le rappelaient.

D’Alvimar en usa discrètement avec son nouvel ami. S’il avait beaucoup de défauts, on ne saurait lui reprocher d’avoir manqué de fierté en acceptant des offres d’argent, et Dieu sait, pourtant, qu’il n’était pas riche et que le soin de sa toilette et de ses chevaux réclamait tout son mince revenu. Il ne se permettait point de folies, et, par « grande sagesse d’épargne, venait à bout de paraître aussi bien monté et nippé que d’autres plus foncés en écus. »

Mais, quand il se vit menacé d’un procès criminel, il se souvint des avances et invitations à lui faites par le gentilhomme berruyer, et prit le sage parti d’aller lui demander asile.

D’après ce que Guillaume lui avait conté de son pays, c’était, à cette époque, la plus tranquille province de France.

M. le prince de Condé en était gouverneur, et, très-content du gros lot par lequel il venait de se faire acheter, « il vivait, tantôt en son château de Montrond, à Saint-Amand, tantôt en sa bonne ville de Bourges, où il avait embrassé de son mieux le service du roi, et encore mieux celui des jésuites. »

Cette tranquillité du Berry serait considérée, de nos jours, comme un état de guerre civile, car il s’y passait encore bien des choses que nous dirons en temps et lieu ; mais c’était un état de paix et d’ordre, si on le compare avec ce qui se passait ailleurs, et surtout avec ce qui s’y était passé au siècle précédent.

Sciarra d’Alvimar pouvait donc espérer n’être pas inquiété