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seulement un nuage de poudre de Chypre, qui la faisait d’un blond plus enfantin encore.

Bien que les deux prétendants se fussent promis d’être aimables, il y eut, pendant le dîner, un peu de gêne de leur part, comme si je ne sais quel doute leur fût venu qu’ils se faisaient concurrence l’un à l’autre.

Le fait est que Bellinde avait raconté à la gouvernante de M. Poulain la conversation qu’elle avait surprise, la veille, entre Adamas et le marquis. La gouvernante en avait fait part au recteur, lequel en avait averti d’Alvimar par un billet ainsi conçu :

« Vous avez, en la personne de votre hôte, un rival dont vous saurez vous divertir : tirez parti de la circonstance. »

D’Alvimar ne fit que rire en lui-même de cette concurrence ; son plan était de s’attaquer, tout d’abord, au cœur de la jeune dame.

Peu lui importait que le père l’encourageât. Il pensait que, maître des sentiments de Lauriane, il aurait bon marché du reste.

Bois-Doré raisonnait autrement.

Il ne pouvait pas mettre en doute l’estime et l’attachement qu’on avait pour lui. Il n’espérait pas surprendre l’imagination et tourner la tête ; il eût voulu se trouver seul avec le père et la fille, pour exposer tout simplement les avantages de son rang et de sa fortune ; après quoi, il comptait, par d’humbles galanteries, se faire deviner ingénieusement et honnêtement.

Enfin, il voulait se conduire en fils de famille bien élevé, tandis que son rival eût préféré enlever la place en héros d’aventure.

De Beuvre, qui voyait bien d’Alvimar devenir tendre, contraria fort son vieil ami en le prenant à part, le long