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battirent : le Sciarra Martinengo fut grièvement blessé, et il vint aux oreilles de Marie que M. Sciarra d’Alvimar n’avait pas rigoureusement observé les lois du duel en France.

Elle le manda devant elle et le réprimanda avec beaucoup de brutalité ; ce à quoi d’Alvimar répondit avec l’aigreur qui depuis longtemps s’amassait en lui. Il réussit à quitter Paris avant que l’on fût en mesure de l’y arrêter, et arriva, dans les premiers jours de novembre, au château d’Ars, en Berry, dans le duché de Châteauroux.

Il nous faut dire les raisons qui lui faisaient choisir ce refuge, de préférence à tout autre.

Environ six semaines avant son malheureux duel, M. Sciarra d’Alvimar s’était trouvé en relation de bonne compagnie avec M. Guillaume d’Ars, un jeune homme aimable et riche, descendant en droite ligne du brave Louis d’Ars, qui avait fait la belle retraite de Venouze en 1504, et qui fut tué à la bataille de Pavie.

Guillaume d’Ars avait été séduit par l’esprit de d’Alvimar et par la très-grande amabilité dont il était capable « à ses heures. » Il n’avait pas eu le temps de le connaître assez pour partager l’espèce d’antipathie que ce personnage malheureux inspirait presque fatalement, au bout de quelques semaines, à ceux qui le fréquentaient.

M. d’Ars était, d’ailleurs, un garçon sans grande expérience du monde, et, on peut croire, sans grand souci de pénétration. Élevé en province, il était, pour la première fois, lancé dans le monde de Paris quand il y rencontra d’Alvimar et s’engoua de lui pour la manière supérieure dont celui-ci entendait, à l’occasion, l’équitation, la vénerie et le jeu de paume. Généreux et prodigue,