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cela. Prenez-moi une jeune et belle demoiselle, qui vous donnera une lignée à votre image.

— Adamas ! dit le marquis après avoir un peu hésité, j’ai quelque doute que le ciel m’envoie ce bonheur. Mais tu me suggères une idée agréable, qui est d’épouser une si jeune personne, que je puisse me figurer qu’elle est ma fille et que je puisse l’aimer comme si j’étais son père. Que dis-tu de cela ?

— Je dis qu’en la prenant bien jeune, bien jeune, à la rigueur, monsieur pourra s’imaginer qu’il a adopté un enfant. Alors, si c’était l’idée de monsieur, il n’y a pas à aller bien loin ; la petite dame de la Motte-Seuilly est tout à fait ce qui convient à monsieur. C’est beau, c’est bon, c’est sage, c’est riant ; voilà ce qu’il faut pour égayer notre manoir, et je suis bien sûr que son père y a pensé plus d’une fois.

— Tu crois, Adamas ?

— Certes ! et elle-même ! Croyez-vous que, quand ils viennent ici, elle ne fait point de comparaison entre son vieux manoir et le vôtre, qui est une maison de fées ? Croyez-vous que, toute jeunette et innocente qu’elle est, elle ne se soit pas avisée de ce que vous êtes par rapport à tous les autres prétendants qu’elle pourrait regarder ?

Bois-Doré s’endormit en songeant précisément à l’absence de prétendants autour de la belle Lauriane, aux rancunes des voisins contre le franc et rude de Beuvre, et au chagrin que celui-ci éprouvait de cette circonstance, momentanée sans doute, mais dont il s’exagérait la durée possible.

Le marquis se persuada que sa proposition allait être agréée comme une grande faveur de la fortune.

La question religieuse allait d’elle-même entre eux. D’ailleurs, si Lauriane lui faisait un reproche d’avoir abjuré le