Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

quelque jeune parent pauvre ; mais ils sont tous vieux ligueurs dans ma famille, et, d’ailleurs, leurs petits sont laids, turbulents ou malpropres.

— Il est certain, monsieur, que la branche cadette des Bouron n’est point belle. Vous avez pris pour vous la taille, tout l’agrément, toute la braverie de la famille, et il n’y a que vous-même qui puissiez vous donner un héritier digne de vous.

— Moi-même ! dit Bois-Doré, un peu étourdi de cette assertion.

— Oui, monsieur, je parle sérieusement. Puisque vous voilà ennuyé de votre liberté ; puisque, pour la dixième fois, je vous entends dire que vous voulez vous ranger…

— Mais, Adamas, tu parles de moi comme d’un débauché ! Il me semble que, depuis la triste mort de notre Henri, j’ai vécu comme il convient à un homme accablé de chagrin et à un gentilhomme sédentaire obligé de donner le bon exemple.

— Certainement, certainement, monsieur, vous pouvez me dire là-dessus tout ce qu’il vous plaira. Mon devoir est de ne vous point contredire. Vous n’êtes point obligé de me raconter toutes les belles aventures qui vous arrivent dans les châteaux ou bocages des environs, n’est-ce pas, monsieur ? Ça ne regarde que vous. Un fidèle serviteur ne doit point espionner son maître, et je ne crois pas avoir jamais fait de questions indiscrètes à monsieur.

— Je rends justice à ta délicatesse, mon cher Adamas, répondit Bois-Doré, à la fois confus, inquiet et flatté des suppositions chimériques de son idolâtre valet. Parlons d’autre chose, ajouta-t-il n’osant appuyer sur un sujet si délicat et cherchant à se figurer qu’Adamas