Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée



XVIII


Pendant que le marquis et Adamas échangeaient ces réflexions, la Morisque s’était préparée à chanter, et Lucilio était arrivé pour l’entendre.

Le marquis goûta si fort sa manière, qu’il pria Lucilio de lui noter ses airs. Lucilio les prisa encore davantage, comme étant, disait-il, « choses rares et antiques, d’une grande perfection de beauté. »

Mercédès les disait de mieux en mieux à mesure qu’on l’encourageait, et Mario l’accompagnait très-bien.

D’ailleurs, il était si joli avec sa longue guitare, son air sage, sa bouche entr’ouverte et ses beaux cheveux ondés sur ses épaules, qu’on ne pouvait se lasser de le regarder. Son habillement, composé d’une grosse chemise blanche, de courtes braies de laine brune, avec une ceinture rouge et des chausses grises avec des brides de laine rouge enroulées autour de la jambe, était très-favorable à la grâce de son corps et à l’élégance de ses formes délicates.

Il reçut avec éblouissement tous les jouets que l’on alla chercher au grenier, et le marquis vit avec plaisir qu’ayant admiré toutes ces merveilles, il les rangea en un coin avec une sorte de respect.

Le fait est que tout cela ne lui disait pas grand’chose, et que, la surprise passée, il se mit à repenser à Fleurial, qui était vivant, joueur et caressant, et qui eût pu le suivre dans sa vie errante, tandis que la possession des chevaux, des canons et des citadelles n’était