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Il ne vit dans sa proposition que des rubans, des bonbons, des petits chiens et de belles chambres toutes pleines de ces bibelots qu’il prenait pour des jouets. Ses yeux brillèrent de naïve convoitise, et Bois-Doré, aussi naïf que lui dans son genre, s’écria :

— Vive Dieu ! maître Jovelin, cet enfant est né quelque chose. — Avez-vous vu comme ses yeux ont relui à ce mot de gentilhomme ? — Voyons, Mario, demande à Mercédès de rester avec nous.

— Et moi aussi ! dit l’enfant, qui crut naturellement que l’offre s’adressait d’abord à sa mère adoptive.

— Et elle aussi ? répondit Bois-Doré ; je sais bien que vous séparer serait fort inhumain.

Mario, transporté, se hâta de dire à la Morisque, en arabe, et en la couvrant de caresses :

— Mère ! nous ne marcherons plus dans les chemins. Ce beau seigneur nous garde ici dans sa belle maison !

Mercédès remercia en soupirant.

— L’enfant n’est pas à moi, dit-elle ; il est à Dieu, qui me l’a confié. Il faut que je cherche et que je retrouve sa famille. Si sa famille n’existe plus ou ne veut pas de lui, je reviendrai ici, et, à genoux, je vous dirai : « Prenez-le et chassez-moi si vous voulez. J’aime mieux pleurer seule à la porte de la maison où il sera heureux, que de le faire encore mendier sur les chemins. »

— Cette femme a une belle âme, dit le marquis. Eh bien, nous l’aiderons, de notre argent et de notre crédit, à retrouver ceux qu’elle cherche ; mais que ne nous apprend-elle ce qu’elle en sait ? Nous l’aiderons peut-être tout de suite, d’après le nom de famille de l’enfant.

— Ce nom, je ne le sais pas, répondit la Morisque.

— Alors, qu’espérait-elle en quittant ses montagnes ?

— Dis-leur ce qu’ils veulent savoir, dit en arabe Mercédès