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le monde moral par la charité, et non dans le monde des faits par la violence.

On ne saurait dire si la France n’eût pas subi quelque peu le régime de l’inquisition au cas où M. d’Alvimar se fût emparé du cœur et de l’esprit de la régente ; mais il n’en fut pas ainsi, et Concini, dont tout le crime fut de n’être pas né assez grand seigneur pour avoir le droit de voler et piller autant qu’un grand seigneur véritable de ce temps-là, demeura, jusqu’à sa mort tragique, l’arbitre de la politique incertaine et vénale de la régente.

Après le meurtre du maréchal d’Ancre, d’Alvimar, qui s’était fort compromis à son service dans l’affaire du sergent de Paris[1], fut forcé de disparaître pour n’être pas enveloppé dans le procès de la Léonora.

Il eût bien voulu se faufiler peu à peu dans le service du nouveau favori, le favori du roi, M. de Luynes ; mais il ne sut pas s’y prendre ; et, bien qu’il ne fût pas plus scrupuleux « qu’homme de cour de son temps, il sentit qu’il ne se pourrait ployer aux usages de la politique royale, qui voulait et devait céder bien des points aux calvinistes, chaque fois que l’on pouvait espérer d’acheter la soumission des princes qui exploitaient la religion des réformés au gré de leur ambition. »

Quand la reine Marie fut en disgrâce ouverte, Sciarra d’Alvimar crut de son intérêt de se montrer fidèle à sa cause. Il pensait que les partis ne sont jamais sans ressources et que tous ont leur jour. D’ailleurs, la reine,

  1. Picard le cordonnier, sergent dans la milice bourgeoise, où il était très-influent. Concini voulant transgresser une consigne que Picard faisait respecter, le maréchal d’Ancre le fit bâtonner. La fureur du peuple fut telle, que d’Ancre jugea sa vie en danger et sortit de Paris. Deux valets qui avaient servi sa vengeance furent pendus.