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pour moi, j’avoue en savoir fort peu), fais-le donc s’expliquer.

— Inutile, monsieur la marquis, dit Adamas sans se déconcerter, je vous jure que le petit drôle parle français comme un clerc : seulement, il est intimidé devant vous, voilà toute l’affaire.

— Mais non ! dit le marquis ; c’est un petit lion qui n’a peur de rien. Il est sorti de l’eau aussi riant qu’il y est entré, et il voit bien que nous sommes de bonnes gens.

Mario parut très-bien comprendre ; car son œil aimable disait oui, tandis que l’œil intelligent et craintif de la Morisque, s’arrêtant sur d’Alvimar, semblait dire non, quant à celui-là.

— Voyons, voyons, reprit le bon M. Sylvain en reprenant Mario dans ses jambes, je veux que nous soyons bons amis. J’aime les enfants, et celui-ci me plaît. N’est-ce pas, maître Jovelin, que voilà une figure qui n’est pas faite pour tromper, et un regard d’enfant qui va droit au cœur ? Il y a du mystère là-dessous, et je veux le savoir. Écoute, maître Mario, si tu me réponds la vérité, je te donnerai… Que veux-tu que je te donne ?

L’enfant, obéissant à l’impétuosité naïve de son âge, s’élança sur Fleurial, le beau petit chien blanc qui, lorsque son maître était assis, ne quittait pas son giron.

Il semblait que Mario était résolu à tout pour l’avoir ; mais un nouveau regard de Mercédès l’avertit de se contenir, et il remit le petit chien sur les genoux du marquis, à la grande satisfaction de celui-ci, qui avait craint de s’être trop avancé.

L’enfant secoua la tête d’un air triste et fit signe qu’il ne voulait rien.

Jusque-là, d’Alvimar n’avait rien dit ; tout en faisant