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précisément, il devait passer la journée du lendemain chez madame de Beuvre.

La cloche du château annonçait le repas du marquis. M. d’Alvimar prit congé du prestolet qui lui faisait augurer de meilleures destinées, et il reprit le chemin du manoir.

Il se sentait plus fort et plus gai qu’il lui l’avait été depuis bien des jours, parce qu’il se sentait en communication avec un esprit actif, capable de le soutenir au besoin. Le courage lui revenait. Cette fuite en Berry, cet asile inquiétant chez des ennemis de sa croyance et de ses opinions, et cette sorte d’isolement, qui, deux heures auparavant, se présentaient à sa pensée sous des couleurs sombres, lui souriaient maintenant comme une heureuse aventure.

— Oui, oui, cet homme a raison, pensait-il. Ce mariage me sauvera. Je n’ai qu’à vouloir. Que je tourne la tête à cette petite provinciale, et je pourrai lui avouer ma disgrâce à la cour. Elle se fera un point d’honneur de m’en dédommager. D’ailleurs, s’il faut faire le modéré pendant quelques jours… eh bien, j’essayerai ! Allons, courage ! mon horizon s’éclaircit, et peut-être que l’astre de ma fortune va enfin sortir de la nuée.

Il leva la tête en se parlant ainsi, et vit, devant lui, sur le pont du préau, l’enfant de la Morisque montant hardiment un des chevaux de la carroche du marquis.

Mercédès avait demandé à Adamas la permission de passer la journée au château, et le bonhomme la lui avait accordée au nom de son maître, à qui il voulait la présenter dès qu’il serait visible.

En jouant dans la cour, l’enfant avait plu au cocher (carrossier ou carrosseur, comme on disait alors ; carrosseux, comme on disait en Berry) et celui-ci avait