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Entre les deux enceintes, à la droite du pont, s’étendait le jardin, assez vaste, clos de murs élevés et de fossés bien tenus ; à gauche, le mail, le chenil, le verger, la ferme et la prairie avec le pigeonnier seigneurial, la héronnière et la fauconnerie ; vaste enclos s’étendant jusqu’aux maisons du bourg, qui, presque toutes, étaient la propriété du marquis.

Le bourg était fortifié, et, en quelques endroits, la base massive de ses petites murailles datait, dit-on, du temps de César.

En comparant l’exiguité du manoir avec l’étendue du domaine, avec le riche mobilier entassé dans les appartements et avec les habitudes luxueuses du seigneur, M. d’Alvimar se demanda la raison de ce contraste ; et, comme il n’était guère enclin à la bienveillance, il en conclut que le marquis cachait peut-être sa fortune, non par avarice, mais parce que la source de cette fortune n’était pas bien claire.

Il ne se trompait pas précisément.

Le marquis avait cela de commun avec un grand nombre de gentilshommes de son temps, qu’il s’était enrichi sans trop de scrupule dans les troubles civils, aux dépens des riches abbayes, et au moyen des contributions de guerre, des droits de conquête et de la contrebande du sel.

Le pillage était, à cette époque, une sorte de droit des gens, à preuve la réclamation de M. d’Arquian, se plaignant légalement d’avoir eu son château brûlé par M. de la Châtre, « contrairement à tous usages de guerre, car du bris et saccage de ses meubles, il n’en eût point seulement parlé. »

Quant à la contrebande du sel, il eût été difficile de trouver, au commencement du XVIIe siècle, un noble de