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« Au même moment, la musette à Julien se creva dans ses mains, avec un bruit comme si l’âme du diable en fût sortie, et il en reçut un si bon coup dans l’estomac qu’il tomba tout apiâni (tout pâmé) sur le pavé de l’église.

« On l’emporta à son logis, où il fit une grosse maladie. Mais il s’en retira par la grâce de Dieu et la parole de M. le curé, qui le fit renoncer à ses mauvaises pratiques, et à qui il confessa avoir joué pour les loups de la brande. Depuis lors, il joua chrétiennement et laissa les loups se promener tout seuls ou en la compagnie des autres sonneurs damnés.

« On dit que ceux-ci lui firent des peines pour avoir vendu le secret, et qu’ils le battirent souvent pour se revenger. Mais il supporta leurs mauvais traitements par esprit de pénitence et fit une bonne fin, enseignant la musique de cornemuse à ses enfants, et les détournant d’en chercher plus long qu’on n’en doit savoir.

GEORGE SAND

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