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PROCOPE LE GRAND.

quence, habileté et fermeté. L’audience publique leur fut accordée.

Ils y proposèrent leurs quatre articles, à la grande surprise du concile, qui s’attendait à leur voir soutenir, outre les doctrines Calixtines, les doctrines plus hardies des Taborites et des Orphelins. Mais, au fond, les quatre articles bien entendus et bien interprétés contenaient la formule de toutes les libertés civiles, politiques et religieuses que réclamaient toutes les sectes hussites. Le légat eût voulu forcer les députés à se compromettre davantage, et il anima, par des questions insidieuses, Procope, qui invoqua avec impatience l’autorité des Prophètes et de Jésus-Christ contre les modernes institutions de l’Église, comme des inventions du Diable et des œuvres de ténèbres. Le candide Procope ne savait point à quels sceptiques il avait affaire, et son impétuosité fut accueillie d’un immense éclat de rire. Cette insultants hilarité resta comme un outrage ineffaçable sur le cœur des Taborites. Le légat sentit la faute du concile, et s’efforça de répondre, d’un ton conciliant que l’Église, assistée du Saint-Esprit, pouvait aller au delà de la lettre des Prophètes et de l’Évangile.

Les conférences suivantes furent employées à la défense des quatre articles ; et chacun de ces articles fut défendu trois jours ou au moins deux jours durant, par un des docteurs élus à cet effet. Le Calixtin Rockisane démontra la nécessité de la communion sous les deux espèces ; le Taborite Nicolas, la répression des péchés publics selon la raison et la loi de Dieu ; l’orphelin Ulric, la libre prédication ; le Wickléfite Payne, la négation du droit de possession des biens séculiers et temporels par les ecclésiastiques. Le concile nomma quatre docteurs pour leur répondre. Jean de Raguse, général des dominicains, parla pendant huit jours sur la motion