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PROCOPE LE GRAND.

pour les endormir et pour fondre sur eux à l’improviste. La méfiance et la peur relevèrent le courage des Calixtins. Les députés furent rappelés, et quittèrent Sigismond avec cette protestation : « qu’on ne pouvait plus désormais reprocher aux Bohémiens de ne vouloir pas terminer par une paix loyale une guerre si désastreuse, puisqu’il était notoire que c’était la faute des autres, et non la leur. »

Lorsqu’ils firent leur rapport à Prague, les seigneurs, consternés, appelèrent le peuple aux armes, et proclamèrent le danger de la patrie pendant la procession de la Fête-Dieu. Le peuple entra en fureur, et le Cheval roux fut chargé de mille malédictions nouvelles. Le juste-milieu envoya avertir les troupes de loups, les petits cousins et toutes les bandes les plus effroyables des Taborites, des Orébites et des Orphelins. Elles s’étaient dispersées, sans s’inquiéter du résultat de la diète, dans de nouvelles expéditions à l’extérieur et aux frontières. Tous revinrent, et « mirent sous leurs pieds leurs inimitiés et leurs discordes, pour ne penser plus qu’au salut de leur patrie. Les grands de Bohême et de Moravie s’unirent étroitement dans la même vue, les villes renouvelèrent leurs confédérations. Petits et grands, on vit tout le monde s’armer avec une allégresse commune. De sorte qu’en fort peu de temps il se trouva, à la revue qui fut faite dans le cercle de Pilsen, cinquante mille hommes d’infanterie et sept mille chevaux sous les armes, avec trois mille six cents chariots. D’autre côté, on prit soin de garder les avenues. Les districts de Zatec et de Launi, celui de Gratz et plusieurs villes frontières avaient l’œil sur la Moravie et sur l’Autriche, pour fermer l’entrée à l’archiduc ou au capitaine de Moravie. Pendant que ces choses se passaient en Bohême, le cardinal Julien se donnait tous les mouvements