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PROCOPE LE GRAND.

ristiques de l’école apostolique et romaine au quinzième siècle.

Pendant les préparatifs de la guerre, Sigismond s’avança jusqu’à Egra, et envoya deux seigneurs à Prague pour faire une nouvelle tentative d’accommodement. Il comptait sur la lassitude et la démoralisation du juste-milieu. Il savait que le Hussitisme s’était effacé autant que possible dans l’esprit des gentilshommes de Bohême, sorte de bourgeoisie noble attachée à ses intérêts plus qu’à ses doctrines. Cependant il connaissait mal l’espèce de résistance sourde et tenace dont est capable une bourgeoisie en train de s’affranchir. Les quatre articles des Calixtins étaient moins pour eux, comme nous l’avons dit souvent, des articles de foi, que des droits politiques, et il n’était pas si facile de les leur enlever qu’on se l’imaginait. Les Taborites, plus courageux et plus croyants, consentaient à reconnaître Sigismond, à la condition qu’il observerait lesdits articles, non-seulement quant à la forme, mais quant au fond, et qu’il les entendrait dans les sens politique et religieux. Ils s’obstinaient donc à le faire communier à leur façon, lui et toute sa grandesse hongroise et catholique. Quant aux Orphelins, inflexibles dans leur austère jacobinisme, ils ne voulaient aucune composition, et s’indignaient des illusions généreuses du candide Procope. Une députation à laquelle on adjoignit un prêtre taborite alla toutefois discuter avec l’Empereur pendant quinze jours ; mais Sigismond avait besoin de nouvelles leçons pour s’amender et se convaincre de la nécessité des concessions. Il n’accordait rien, et pendant ce temps ses plénipotentiaires intriguaient à Prague pour semer la division et lui faire des créatures. Et pendant ce temps aussi, ou prêchait la croisade, et on armait tout l’Empire contre la Bohême. Les Orphelins s’écrièrent que les lenteurs de la conférence étaient un piége de Sigismond