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PROCOPE LE GRAND.

révolution, ces doctrines s’étaient puissamment élaborées dans les fortes intelligences des prêtres taborites, Coranda, Jacobel, Biscupec et autres, et qu’ils firent encore des progrès dans la suite, nous les expliquerons en leur lieu, et nous suivrons rapidement les événements de la guerre.

Les Orphelins attaquant toujours, et les Taborites accourant toujours pour les sauver, l’armée révolutionnaire fit des expéditions formidables en Silésie et en Moravie. Douze villes furent brûlées, et le pays ravagé. La terreur fut portée jusqu’à Breslau. Après Neissa, Bruna fut assiégée, et Procope y soutint un de ces terribles combats où l’engageait trop souvent la confiance fanatique des Orphelins. De là il retourna porter la désolation et l’épouvante jusqu’aux portes de Vienne. Mais, à son retour, il trouva une de ses meilleures places enlevée et rasée par la garnison allemande de Bechin. Il assiégea cette dernière place, et y éprouva une grande douleur. Jaroslas, son intime ami, l’unique frère de Ziska, fut tué à ses côtés. Enfin il enleva Bechin, et y mit garnison. Tabor, qui était située dans le voisinage, avait couru de grands dangers durant cette campagne. De leur côté, après un long siége et de grandes pertes, les Orphelins prirent Lichtenberg, et pénétrant dans le district de Glatz, y mirent tout à feu et à sang. Ils y soutinrent une bataille dans laquelle ils eussent succombé, sans l’arrivée du grand Procope, qui avait hérité de Ziska le don de porter toujours des coups décisifs. Mais, en somme, ces campagnes en Silésie et en Moravie furent presque aussi désastreuses qu’avantageuses aux Hussites. Ces races slaves, aux prises les unes contre les autres, ne pouvaient s’étreindre mollement. Ce n’étaient pas là les timides croisés de Martin V, ces mercenaires allemands, qui fuyaient à la seule vue du