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PROCOPE LE GRAND.

avaient amené la religion officielle ! Et ce n’est pas la crainte de leurs armes qui fait reculer le pape dans ce duel de l’esprit avec les Hussites ; car il poursuit son plan d’extermination, et promet les secours de la force matérielle aux croyants, faute de pouvoir leur fournir les armes de l’intelligence, les forces vives de la doctrine ! « Soyez assurés, leur dit-il en terminant sa lettre, que nous vous assisterons d’une telle manière, que l’orgueil des méchants sera brisé, et que non-seulement vous pourrez résister à leurs efforts, mais encore devenir victorieux. »

Martin V en écrivit aussi à Jean de Fer, qui s’efforça d’empêcher la conférence, en faisant valoir ouvertement les mêmes raisons. Il publia un mandement dans son diocèse de Moravie pour ordonner de croire « le purgatoire, la vénération des reliques, le culte des images, les indulgences et les ordres ; et pour défendre, sous peine d’excommunication, de lire les livres de Jean Huss, de Wieklef et de Jacobel, qui ont été traduits en bohémien, de chanter les chansons défendues comme étant ineptes, scandaleuses et séditieuses, et surtout celles qui ont été faites contre le concile de Constance, à la louange de Jean Huss et de Jérôme de Prague. » L’archiduc, de son côté, menaça de peines sévères ceux de ses sujets qui chanteraient lesdites chansons dans les places, dans les tavernes, et jusque dans les maisons particulières. Nous regrettons bien de n’avoir pas quelques-unes de ces chansons ineptes, pour savoir à quoi nous en tenir sur le goût littéraire du cardinal et de l’archiduc.

La conférence eut lieu, malgré toutes les prières et les défenses de l’Église. Un historien catholique, qui déclare qu’elle n’aboutit qu’à une division plus profonde dans les esprits, semble confesser pourtant que plusieurs