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les nuances légères sont plus agréables que les exagérations d’individualité, et même elles se prêtent mieux à la clarté du dialogue. Mais il ne faut pas oublier que le maître du jeu improvise et qu’il ne débite pas sa pièce comme un bon lecteur, tranquillement assis devant son manuscrit avec un verre d’eau sucrée sous la main. Il a bien son manuscrit placé sur un léger pupitre mobile, à moins qu’il ne l’apprenne par cœur et que la mémoire ne lui fasse jamais défaut ; mais encore cette ressource ne lui suffirait pas s’il n’était pas doué de la présence d’esprit nécessaire pour combler des vides inévitables. La marionnette n’obéit pas à la main qui la dirige aussi passivement que l’acteur à la réglementation de la mise en scène. Elle ne marche pas toute seule, elle ne remue pas d’elle-même, elle ne se gare pas d’un obstacle ; elle peut s’accrocher à un décor, elle peut sortir de son support ou du doigt de l’opérant et s’évanouir hors de propos. Il est