Page:Sand - Le Théâtre des marionnettes de Nohant, paru dans Le Temps, 11 et 12 mai 1876.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

source. Il faut qu’il soit, une fois pour toutes, le type qu’on attend de lui. J’ai vu souvent Maurice hésiter longtemps entre plusieurs figures dont aucune ne réalisait l’idée qu’il s’était faite d’un certain caractère à produire, et se décider à fabriquer un nouvel acteur avant de monter sa pièce. Ces cent-vingt-cinq personnages qui tous ont un nom et une histoire, surtout les anciens qui, légèrement retouchés, sont restés nos favoris, se prêtent à tous les emplois sans jalousie de métier et sans reculer devant les plus mauvais rôles, certains d’avoir affaire à un directeur intègre qui leur fera prendre leur revanche à l’occasion. Ils nous sont maintenant doublement chers depuis qu’ils charment nos enfants en les instruisant, car on apprend de tout et partout quand la substance de l’amusement est bonne en soi. Nous arrivons à aimer les marionnettes de Nohant comme nos petites filles aiment leurs poupées, et, quant à elles, elles deviennent plus soigneuses et plus maternelles en voyant ce qu’on peut attribuer et jusqu’à un certain point communiquer d’esprit, de grâce et de sentiment à ces êtres fictifs. Le lendemain d’une représentation, elles rejouent la pièce dans tous les coins de la