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nœud de cravate ; en tirant le fil on obtient un geste suffisant ; ces détails sont essentiels, car la marionnette qui ne remue pas les lèvres, doit remuer le corps pour avoir l’air de parler ; grâce à son support légèrement élastique, il suffit de souffler dessus pour lui imprimer le mouvement.

Mais pour arriver à faire vivre une trentaine de personnages en scène sans en toucher plus de deux à la fois, il fallait obtenir de la marionnette une attitude convenable quand elle est au repos, et c’est par quoi l’on dut commencer. Ceci fut l’objet d’une discussion passionnée entre mon fils et moi. Je ne prévoyais pas les heureuses innovations qu’il méditait et je fus vivement contrariée quand il m’apporta une marionnette qui avait des épaules et une poitrine en carton. C’était très bien exécuté, admirablement modelé, garni de peau, et peint d’un ton excellent qui permettait à nos femmes de porter des corsages ajustés et décolletés. Jusque-là nous avions triché pour simuler la taille et les épaules. Chargée depuis trente ans de faire leurs costumes et de les habiller pour la représentation, j’avais passé bien des soirées