Page:Sand - Le Péché de Monsieur Antoine, Pauline, L’Orco, Calman-Lévy, 18xx, tome 2.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
DE M. ANTOINE


XXV.

L’EXPLOSION.


— Eh bien, qu’y a-t-il donc ? dit Janille, qui vint les rejoindre dans une tonnelle à l’endroit du verger, où ils s’étaient assis tous trois ; pourquoi Gilberte est-elle toute défaite, et pourquoi vous taisez-vous tous quand j’approche, comme si vous méditiez quelque complot ? »

Gilberte se jeta dans le sein de sa gouvernante et fondit en larmes.

« Eh bien, eh bien, reprit la petite bonne femme, en voici bien d’une autre ! Ma fille a de la peine, et je ne sais point de quoi il s’agit ! Parlerez-vous, monsieur Antoine ?

— Est-ce que ce jeune homme est parti ? dit M. Antoine en regardant autour de lui avec inquiétude.

— Sans doute, car il m’a fait ses adieux, et je l’ai reconduit jusqu’à la porte, dit Janille. J’ai eu quelque peine à m’en débarrasser. Il est un peu lourd à s’expliquer, celui-là ! Il aurait souhaité rester, je l’ai bien vu ; mais je lui ai fait comprendre que de telles affaires ne se terminaient pas si vite, qu’il me fallait en conférer avec vous, et qu’on lui écrirait, si on voulait le revoir pour un motif ou pour un autre. Mais, avant, qu’a donc ma fille ? qui lui a fait du chagrin ici ? Ah ! mais, voici ma mie Janille pour la défendre et la consoler.

— Oh oui ! toi, tu me comprendras, s’écria Gilberte, et tu m’aideras à repousser l’injure, car je me trouve offensée, et j’ai besoin de toi pour la faire comprendre à mon père ! Sache donc qu’il se fait presque l’avocat de M. Galuchet !

— Ah ! tu es déjà au courant de ce qui se passe ? En ce cas, ce sont donc des affaires de famille ! Et moi aussi,