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DE M. ANTOINE.

Ces ombrages où j’ai promené tant d’ennuis et de douleurs, où j’ai fui avec épouvante la présence des hommes d’aujourd’hui, abriteront alors, ainsi que les voûtes d’un temple sublime, une nombreuse famille prosternée pour prier et bénir l’auteur de la nature et le père des hommes ! Ceci sera le jardin de la commune, c’est-à-dire aussi son gynécée, sa salle de fête et de banquet, son théâtre et son église : car, ne me parlez pas des étroits espaces où la pierre et le ciment parquent les hommes et la pensée : ne me parlez pas de vos riches colonnades et de vos parvis superbes, en comparaison de cette architecture naturelle dont le Créateur suprême fait les frais ! J’ai mis dans les arbres et dans les fleurs, dans les ruisseaux, dans les rochers et dans les prairies toute la poésie de mes pensées. N’ôtez pas au vieux planteur son illusion, si c’en est une ! Il en est encore à cet adage que Dieu est dans tout, et que la nature est son temple ! »



FIN DU PÉCHÉ DE M. ANTOINE.