Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pables d’apprécier réellement nos défauts ou nos qualités.

— Mais, madame la marquise, dit Caroline en s’adressant avec une détresse enjouée à madame de Villemer, dites donc à M. le duc que je n’ai pas du tout l’honneur de le connaître, et que je ne suis pas ici pour continuer dans ma tête les portraits de La Bruyère !

— Chère enfant, répondit la marquise, vous êtes ici pour être une sorte de fille adoptive, à qui tout est permis, parce qu’on la sait d’une exquise discrétion et d’une adorable modestie. Ne vous gênez donc pas pour répondre à monsieur mon fils, et ne vous inquiétez pas de ses taquineries amicales. Il sait aussi bien que moi qui vous êtes, et jamais il ne s’écartera du respect qui vous est dû.

— Cette fois, mère, j’accepte le compliment, répondit le duc avec un accent de franchise entière. J’ai le plus profond respect pour toute femme pure, généreuse et dévouée, par conséquent pour mademoiselle de Saint-Geneix en particulier.

Caroline ne rougit pas et ne balbutia pas un remercîment de gouvernante prude. Elle regarda le duc entre les deux yeux, vit qu’il ne se moquait point d’elle, et lui répondit avec bienveillance :

— Pourquoi donc, monsieur le duc, ayant une si généreuse opinion de moi, supposez-vous que je me permette d’en avoir une mauvaise sur votre compte ?