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Elle était seule quand on m’a introduite dans sa chambre. Elle m’a fait asseoir près d’elle avec assez de grâce, et voici le résumé de la conversation :

— Vous m’êtes beaucoup recommandée par madame d’Arglade, que j’estime infiniment. Je sais que vous appartenez à une excellente famille, que vous avez des talents, un caractère honorable et une vie sans tache. J’ai donc le plus grand désir que nous puissions nous entendre et nous convenir mutuellement. Pour cela, il faut deux choses : l’une, c’est que mes offres vous paraissent satisfaisantes ; l’autre, que notre manière de voir ne soit pas par trop opposée, car ce serait la source de contrariétés fréquentes. Traitons la première question. Je vous offre douze cents francs par an.

— On me l’a dit, madame, et j’ai accepté.

— On m’avait dit à moi que vous trouveriez peut-être cela insuffisant ?

— Il est vrai que c’est peu pour les besoins de ma situation ; mais madame est juge de la sienne propre, et puisque me voilà…

— Parlez franchement ; vous trouvez que ce n’est pas assez ?

— Je ne peux pas dire ce mot-là. C’est probablement plus que ne valent mes services.

— Je ne dis pas cela, moi, et vous, vous le dites par modestie ; mais vous craignez que cela ne suffise pas à votre entretien ? Soyez tranquille, je me charge de tout ; vous ne dépenserez chez moi que la toilette,