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mon devoir, et voilà tout ce qu’il importe que je sois ici.

— Eh bien ! vous ne vous connaissez pas ! Voulez-vous que je vous dise, moi ? Vous êtes une personne d’esprit et une âme excellente.

— Vous croyez ?

— J’en suis sûr. Je vois très-vite et je juge assez bien. Et vous ? vous faites-vous à première vue une idée des gens ?

— Mais oui, un peu.

— Eh bien ! qu’est-ce que vous pensez de moi, par exemple ?

— Naturellement je pense de vous ce que vous pensez de moi.

— C’est par reconnaissance ou par politesse ?

— Non, c’est un instinct comme cela.

— Eh bien ! je vous en remercie. Vrai, voilà quelque chose qui me fait plaisir : non pas l’esprit, non ! tout le monde en a, cela s’apprend ; mais la bonté ! Vous ne me croyez pas mauvais, n’est-ce pas ? Alors… Tenez, voulez-vous me donner une poignée de main ?

— Pourquoi ?

— Je vous le dirai tout à l’heure. Me refusez-vous une poignée de main ? Il n’y a rien de plus honnête au monde que le sentiment qui me fait vous demander cela.

Il y avait quelque chose de si vrai et de si émouvant dans la figure et dans l’accent de cet homme,