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l’agitait plus que tout le reste. Pour tromper son impatience, il se demanda pourquoi il n’écrirait pas à madame Heudebert, et surtout à Caroline, pour qu’elles fussent préparées à se réunir aussitôt après son départ pour l’étranger. C’était peut-être gagner quelques jours. Il ferait partir sa lettre dans la journée en passant au Puy pour retourner à Polignac.

Ce qui lui donna cette idée d’écrire de Lantriac, ce fut surtout la vue du petit bureau où Caroline avait laissé des plumes, de l’encre dans une tasse et quelques feuillets de papier épars. Ces objets où sa vue se fixait machinalement semblaient l’inviter à suivre son inspiration. Il se leva sans bruit, mit la lampe sur la table, et écrivit à Caroline.

« Mon amie, ma sœur, vous n’abandonnerez pas un malheureux qui, depuis un an, avait mis en vous l’espoir de sa vie. Caroline, ne vous méprenez pas sur mes intentions. J’ai à vous demander un service que vous ne pouvez pas me refuser. Je pars.

« J’ai un fils qui n’a plus de mère. Je l’aime passionnément, je vous le confie. Revenez !… Moi, je vais en Angleterre. Vous ne me reverrez jamais si vous manquez de confiance en moi… mais cela est impossible ! Quand donc ai-je été indigne de votre estime ? Caroline… »

Le marquis s’arrêta brusquement. Un objet de peu d’importance avait frappé sa vue. Le papier commun, les plumes de fer, n’offraient aucune particularité ; mais une perle noire se trouvait sur la table entre sa