Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ! partons, dit Caroline, dont les yeux se remplirent de larmes à l’idée qu’elle ne reverrait probablement jamais Didier.

— Mais non, reprit Peyraque, restons un peu pour voir ce que le monsieur pensera quand il saura que vous avez passé ici cinq jours pour garder son enfant.

— Eh ! ne vois-tu pas, mon ami, que Roquebert se gardera bien de le lui dire ? Il n’osera pas avouer que, pendant la maladie de sa femme, il n’a su confier l’enfant qu’à une étrangère. Et d’ailleurs n’est-il pas jaloux de le garder encore un an, ce qui serait bien possible ? Nous laissera-t-il insinuer au père que chez nous il serait non-seulement encore mieux soigné, mais encore élevé comme il est en âge de l’être ? Non, non. La Roqueberte elle-même, en dépit des soins que j’ai eus pour elle, dira que personne ne me connaît, que je ne suis peut-être qu’une aventurière, et en quêtant la reconnaissance et la confiance, nous aurons l’air d’intriguer pour recevoir quelques sous qu’on nous offre déjà.

— Mais quand nous refuserons, on verra bien qui nous sommes ! Je suis connu, moi, et on sait bien que Samuel Peyraque n’a jamais menti ni tendu la main à personne.

— Cet étranger n’en sait rien du tout et ne se renseignera qu’auprès des Roquebert, puisqu’il ne connaît qu’eux. Partons donc vite, mon cher ami ; je souffre de tester un instant de plus ici.

— C’est comme vous voudrez, dit Peyraque. Je