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« Tu vois, chère sœur, qu’il y a là un roman. C’est peut-être un peu cela qui m’a attirée, puisque, selon toi, je suis si romanesque ! Il est certain que ce petit garçon a quelque chose qui s’empare de l’imagination. Il n’est pas fort, et l’on dit qu’il n’avait que le souffle quand on l’a apporté au pays ; mais il est très-frais à présent, et la montagne lui convient si bien que le père, étant venu l’an dernier, à peu près à cette époque-ci, pour le remmener, s’est décidé à le laisser encore un an pour qu’il achève de se fortifier. Il a une figure d’ange rêveur, ce petit être, des yeux d’une expression qu’on n’a pas à cet âge-là, et des manières d’une grâce inouïe.

« Peyraque, m’en voyant si coiffée, se gratta la tête d’un air profond, et reprit : — Eh bien dites donc, puisque cela vous va, les petits enfants, pourquoi, au lieu de faire l’état de lire tout haut, qui doit bien vous fatiguer, ne chercheriez-vous pas un petit pensionnaire comme ça, que vous élèveriez chez votre sœur avec les autres enfants ? Cela vous laisserait dans votre famille et dans vos habitudes.

« — Tu oublies, mon bon Peyraque, que de longtemps peut-être je ne peux pas me montrer chez ma sœur.

« — Eh bien ! votre sœur viendrait demeurer par ici, ou bien, pendant un an ou deux, vous resteriez chez nous ; ma femme vous aiderait à soigner l’enfant, et vous n’auriez que la peine de le surveiller et de l’instruire. Tenez ! j’ai une idée sur celui-ci, moi, puis-