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prise d’amour pour un petit enfant qui jouait sur les genoux d’une belle villageoise, forte et riante. Cet enfant-là, vois-tu, je ne peux le comparer qu’à Charlot pour la sympathie qu’il inspire. Il ne lui ressemble pas, mais il a comme lui des chatteries et des caresses timides qui vous feraient volontiers son esclave. Comme je le faisais admirer à Peyraque, remarquant qu’il était tenu avec une grande propreté, que sa mère ne faisait pas de dentelle et paraissait uniquement occupée de lui, comme si elle eût compris qu’elle avait là un trésor, Peyraque m’a répondu : — Vous dites plus vrai que vous ne pensez. Cet enfant-là est un trésor pour la Roqueberte. Si vous lui demandez à qui il est, elle vous répondra que c’est l’enfant d’une sœur qu’elle a à Clermont ; mais ce n’est pas vrai : le petit lui a été confié par un monsieur que personne ne connaît, et qui l’a payée pour le nourrir, qui la paye encore pour en prendre grand soin, comme si c’était un fils de prince. Aussi vous voyez que cette femme est bien habillée et ne travaille pas. Elle était déjà à son aise. Son mari est gardien du château de Polignac, dont vous voyez là-bas la grande tour et toutes les ruines sur un rocher encore plus gros et plus haut que celui d’Espaly. C’est là qu’elle demeure, et si vous la rencontrez ici, c’est qu’à présent elle a tout à fait du bon temps pour se promener. La vraie mère du petit doit être morte, car on n’a jamais entendu parler d’elle ; mais le père vient le voir, donner de l’argent, et recommander qu’on ne le laisse manquer de rien.