Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’épouser. Elle semblait prête à trahir le secret de sa sœur, si le marquis engageait sa parole. Le marquis répondit sans hésiter : — Si j’étais sûr d’être aimé, si le bonheur de mademoiselle de Saint-Geneix dépendait de mon courage, je saurais faire fléchir à tout prix les répugnances de ma mère ; mais vous ne me donnez pas d’espoir ! Donnez-m’en, et vous verrez !…

— Moi ? dit Camille, interdite et confuse. — Elle hésita à répondre. Elle avait bien cru deviner le secret de Caroline ; mais celle-ci s’en était toujours fièrement défendue, non par des mensonges, mais en ne se laissant pas interroger, et madame Heudebert ne se sentait pas la hardiesse de la blesser profondément dans sa dignité en prenant sur elle-même de la compromettre. — Voilà ce que je ne sais pas plus que vous, reprit-elle. Caroline est une âme si forte, que je ne la pénètre pas toujours.

— Et cette âme est si forte en effet, dit le marquis, qu’elle n’accepterait jamais mon nom sans la véritable bénédiction de ma mère. Voilà ce que je sais encore mieux que vous. Ne me dites donc rien ; c’est à moi seul d’agir. Je ne vous demande plus qu’une chose, c’est de me permettre de veiller sur votre existence et sur vos enfants jusqu’à nouvel ordre, et même… oui, j’oserai vous dire cela ! j’ai une crainte affreuse que mademoiselle de Saint-Geneix ne se trouve sans ressources, exposée à des privations qui me font frémir. Ôtez-moi cette amertume… Permettez-moi de vous