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tres, des religieuses, des moines et des séminaristes, dont ce pays est littéralement semé et criblé jusque dans les localités les plus inhabitables. Les couvents font travailler, et ici, comme partout, dans des conditions de trafic encore plus lucratives que celles des négociants. On voit donc, jusque sous le porche des églises, des espèces de communautés de villageoises assises en rond et faisant voltiger leurs bobines en murmurant des litanies ou chantant des offices en latin, ce qui ne les empêche pas de regarder avidement les passants et d’échanger leurs remarques, tout en répondant ora pro nobis à la sœur grise, noire ou bleue, qui surveille le travail et la psalmodie.

« En général, ces femmes sont bonnes et hospitalières. Leurs enfants m’intéressent, et quand j’en trouve de malades, je suis bien aise de pouvoir indiquer les soins élémentaires à leur donner. Il y a une grande ignorance ou une grande incurie sous ce rapport. La maternité est ici plus passionnée que tendre. On a l’air de vous dire que les enfants sont faits uniquement pour apprendre à souffrir.

« Le métier de Peyraque, qui est fort appelé, nous conduit dans des endroits impossibles de la montagne, et me fait voir les plus beaux paysages de la terre, car ce pays est pour moi comme un rêve. Et ma vie aussi est un rêve étrange, n’est-ce pas ?

« Notre manière de courir les aventures est des plus élémentaires. Peyraque a une petite charrette qu’il lui plaît d’appeler une carriole, vu qu’elle a une capote