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voulait balayer lez copeaux. — Au contraire, lui dit sa femme en étendant les rubans et la sciure de bois sur le carreau, tu n’y entends rien ! Elle trouvera que c’est un joli tapis. Oh ! tu ne la connais pas, toi ! C’est la fille au bon Dieu, celle-là !

Caroline fit connaissance avec Peyraque en l’embrassant. C’était un homme d’une soixantaine d’années, encore des plus robustes, maigre, de taille moyenne et laid comme la plupart des montagnards de cette région ; mais sa figure austère et même dure avait un cachet de probité qui se révélait à première vue. Son rare sourire était extraordinairement bon. On y sentait un fonds d’affection et de sincérité qui, pour ne pas se prodiguer en démonstrations, n’en offrait que plus de garanties.

Justine aussi avait les traits rigides et la parole brusque. C’était un mâle et généreux caractère. Ardente catholique, elle respectait le silence de son mari, protestant de race, converti en apparence, mais libre penseur s’il en fut. Caroline savait ces détails et voyait avec attendrissement le respect délicat que cette femme exaltée savait porter dans son amour pour son mari. Il faut rappeler ici que mademoiselle de Saint-Geneix, fille d’un homme très-faible et sœur d’une femme sans énergie, devait le grand courage dont elle était pourvue au sang de sa mère d’abord, qui était d’origine cévenole, et ensuite aux premières notions de la vie que Justine lui avait données. Elle le sentit très-clairement en se trouvant assise entre