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fut pas moins porté d’une main sûre, et la marquise dut lui arracher le serment qu’elle avait vu, de ses deux yeux vu, à Séval, le duc ramenant Caroline chez elle au point du jour, et tenant ses deux mains dans les siennes en lui parlant avec effusion, pendant trois bonnes minutes, au pied de l’escalier du Renard.

Là-dessus, elle fit jurer à la marquise, dont elle savait la parole sérieuse, de ne point la trahir, de ne pas lui faire d’ennemis, à elle qui n’en avait jamais eu, disant qu’elle était désespérée de l’insistance qui lui avait arraché cette révélation, qu’elle eût mieux fait de désobéir, qu’au fond elle aimait Caroline, mais qu’après tout, puisque c’était elle qui avait répondu de ses mœurs, son devoir était peut-être de confesser qu’elle s’était trompée.

— Bah ! bah ! dit la marquise, parfaitement maîtresse d’elle-même, tout cela n’est pas si grave ! Elle peut avoir été fort sage d’ailleurs et avoir cédé à cet irrésistible duc ! Il est si habile ! … Ne craignez rien, je ne sais rien, et j’agirai en temps et lieu, si besoin est, sans qu’il y paraisse.

Lorsque Caroline entra, au moment où Léonie sortait, celle-ci lui tendit la main d’un air de bonne humeur, en lui disant que le bruit de son succès de la veille était venu jusqu’à elle, et qu’elle lui en faisait son compliment.

Caroline trouva la marquise d’une pâleur qui l’inquiéta, et quand elle lui en demanda la cause, elle en reçut une très-froide réponse. — C’est la fatigue de