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secret allait m’échapper malgré moi, il y a de cela quatre mois, et je me suis de nouveau imposé le plus rigoureux silence avec elle comme avec vous. Je ne devais pas vous jeter dans des incertitudes qui, grâce à Dieu, n’existent plus. Votre sort, celui de mon frère, le mien sont désormais assurés. Convenablement riche, j’ai le droit de ne pas vouloir augmenter ma fortune et de me marier selon mon cœur. Pourtant vous avez un sacrifice à me faire, et votre amour maternel ne me le refusera pas, puisque le bonheur de toute ma vie en dépend. Cette personne appartient à une famille honorable, vous vous en êtes assurée vous-même en l’admettant dans votre intimité mais elle n’appartient pas à une de ces antiques illustrations pour lesquelles vous avez une partialité que je n’entends pas combattre. J’ai dit que vous aviez quelque chose à me sacrifier, le voulez-vous ? m’aimerez-vous à ce point-là ? Oui, ma mère, oui, votre cœur que je sens battre va céder sans regret et avec son immense bonté maternelle à la prière d’un fils qui vous adore.

— Ah ! mon Dieu ! c’est de Caroline que tu me parles ! s’écria la marquise tremblante. Attends, attends mon fils ! le coup est rude, et je ne m’y attendais pas !

— Oh ! ne dites pas cela, reprit le marquis avec feu : si le coup est trop rude, je ne veux pas que vous le receviez ! Je renoncerai à tout, je ne me marierai jamais…